Sophie Guiter, Sept Ans de Réflexion pour Honorer Germaine Richier

24 avril 2025
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Sophie Guiter, invitée de David Marmier pour La Radio du Cinéma, possède un parcours de vie qui défie les catégories : vétérinaire de formation, elle s’est tournée vers le théâtre, puis vers le cinéma et l’écriture, avant de se consacrer corps et âme à un projet aussi colossal qu’intime — la réalisation du catalogue raisonné de l'œuvre de Germaine Richier, sa grand-tante et l’une des plus grandes sculptrices du XXe siècle.


De la blouse blanche aux feux de la rampe

Sophie Guiter commence sa vie professionnelle dans les cabinets vétérinaires, mais l’appel de la scène est trop fort. Elle monte sur les planches, se forme au théâtre, met en scène Feydeau, Tchekhov, et écrit même sa propre pièce : Un chien dans ma vie, inspirée de sa pratique vétérinaire et d’un drame familial.

Mais ce n’est que plus tard qu’elle s’attaque à l’un des plus grands chantiers éditoriaux de sa vie : reprendre et finaliser le travail de sa mère, Françoise, décédée en 2017, sur l’œuvre de Germaine Richier, artiste majeure trop longtemps restée dans l’ombre de ses contemporains masculins.


Un catalogue raisonné, trois tomes, une vie

Ce catalogue raisonné, véritable bible de l’œuvre de Richier, c’est sept années de travail acharné : tri d’archives, restauration de photographies anciennes, mise en page fidèle à la maquette pensée par sa mère, ajout de commentaires personnels et narratifs de celle-ci. Une œuvre d’art sur l’œuvre d’art, bilingue, technique et sensible, soutenue par le ministère de la Culture et des collectionneurs passionnés.

Un défi aussi technique que financier, qui l’a vue affronter des logiciels obsolètes, des bases de données à reconstruire et un océan d’œuvres à documenter. Mais pour Sophie Guiter, il ne s’agissait pas seulement d’un projet éditorial : c’était un devoir de mémoire, un geste d’amour.


L’héritage de Germaine Richier, et celui d’une famille d’artistes

Issue d’une famille où le cinéma, la sculpture et la céramique se côtoyaient au quotidien — son père cinéaste puis publicitaire, sa mère céramiste, son frère réalisateur — Sophie Guiter a grandi au cœur de la création. Loin d’en faire un musée familial figé, elle en fait une matière vivante.

Avec ce catalogue, elle ne se contente pas de réhabiliter Germaine Richier, cette pionnière du corps morcelé, du bronze organique, du sacré difforme — elle restitue aussi à sa mère une place de première importance dans l’histoire de l’art, elle qui avait consacré 60 ans de sa vie à ce travail.


Un projet à suivre : les tomes II et III en préparation

Le premier tome — déjà salué comme une référence — couvre les années de jeunesse artistique de Germaine Richier. Sophie Guiter travaille actuellement sur les tomes II (1947–1954) et III (1955–1959), avec la même rigueur documentaire et la même sensibilité personnelle.

Son ambition ? Faire redécouvrir Germaine Richier à un large public, au-delà des seuls spécialistes, et montrer que l’art est une affaire de transmission, de fidélité et de passion.

Pour aller plus loin

    Photographie David Marmier