Pour son premier film en solo, c'est une belle concrétisation qui attend Marie Amachoukeli, récompensée d'une ouverture de la Semaine de la Critique.
Cléo, 6 ans, aime follement sa nounou Gloria, originaire du Cap Vert. Lorsque celle-ci doit rentrer définitivement dans son pays pour être auprès de sa famille, la petite supporte mal la séparation. Elle est alors envoyée au Cap Vert pour y passer un dernier été avec Gloria.
Le lien indéfectible qui unit la femme et la fillette saute aux yeux dès les premiers plans, plongeant instantanément le spectateur au cœur de cette belle relation. Le format 4:3 choisi ressert le cadre sur les visages, véhiculant les émotions avec force. On doit cette force de frappe également aux deux interprètes principales, la si douce Ilça Moreno Zego et la révélation Louise Mauroy-Panzani, qui peut nous transporter d'un sourire ou nous faire fondre de ses chaudes larmes. Regarder cette enfant pleurer nous ramène au souvenir d'une tristesse aussi pure et simple que celle d'aimer quelqu'un et de le voir nous quitter.
Il est fascinant de regarder ensuite la petite en proie avec des émotions plus complexes comme la jalousie, la possessivité, et apprendre à maîtriser des pulsions qu'elle ne comprend pas. Son éveil au monde s'accompagne d'une ouverture et d'un début de sagesse transmis par Gloria, une femme se débattant avec les conséquences des choix qu'elle a dû faire, toujours la tête haute.
La réalisatrice agrémente son film déjà infiniment tendre de séquences d'animation illustrant avec douceur les tourments des personnages, achevant ainsi de faire de cette œuvre un petit bijou de douceur et d'amour.