14 novembre 2025
Elle entre en scène avec la simplicité d’une grande dame. Dominique Blanc, sociétaire de la Comédie-Française et comédienne aux quatre César, était l’invitée de La Radio du Cinéma dans le cadre du festival Play It Again. Marraine de l'édition 2025, elle partage son attachement viscéral au cinéma de patrimoine, ses souvenirs indélébiles avec Patrice Chéreau, et un acte fort : la restitution de sa Légion d’honneur. Rideau levé sur une parole libre et précieuse.
Le cinéma en salle : une émotion qui se partage
« Rien ne remplace une salle de cinéma », déclare Dominique Blanc sans détour. Face à une jeunesse nourrie aux algorithmes des plateformes, l’actrice revendique l’expérience collective du grand écran. Son cinéma coup de cœur ? Le Max Linder à Paris : « écran géant, son gigantesque, on sort bouleversé, frères et compagnes de ceux qui étaient dans la salle ».
Revoir "La Reine Margot", trente ans après
Dominique Blanc a revu le chef-d’œuvre de Patrice Chéreau au festival de La Rochelle. « Ce film tient la route, c’est peu dire. C’est une œuvre contemporaine, un choc esthétique et historique. » Elle rend hommage à l’équipe de rêve : Philippe Rousselot à la photographie, Mojdele Bickel aux costumes, Danièle Thompson au scénario. Patrice Chéreau "m’a surtout transmis le goût de la liberté, la vraie, celle qui résiste. »
Patrice Chéreau, même combat au théâtre et au cinéma
Radical, exigeant, inspiré. Que ce soit à Villeurbanne ou sur un plateau de cinéma, Patrice Chéreau demandait tout : « Au théâtre, on avait deux mois pour faire, défaire, refaire. Il adorait ça. » Dominique Blanc évoque leur lien : un compagnonnage d’égal à égal, sans concessions. Comme dans un bon Cassavetes, l’improvisation faisait partie du processus.
Trois films pour une jeunesse à éveiller
À la question de quels films pour transmettre l'amour du cinéma aux jeunes générations, elle répond par trois titres : "La Grande Illusion" de Jean Renoir, "Opening Night" de John Cassavetes, et bien sûr "La Reine Margot". Trois époques, trois visions du monde, trois leçons de cinéma. « Les jeunes ne connaissent pas Renoir, c’est à découvrir. Cassavetes, c’est l’anti-système hollywoodien. Et la reine Margot, c’est un polar historique.
Comédie, tragédie : la palette est large
Si elle est souvent identifiée aux rôles tragiques, Dominique Blanc n’a jamais boudé les comédies : « J’aurais adoré jouer dans La Rose pourpre du Caire. Mia Farrow y est sublime, et l’idée d’un personnage qui sort de l’écran, c’est magique. Son humour, on le retrouvait déjà dans Quelques jours avec moi de Claude Sautet, où elle campait une rigolote nommée Georgette.
Et demain ? elle sera ministre en 2026 !
Son actualité, c’est "Jupiter", un film de guerre contemporain signé Alexandre Smia. Aux côtés de Denis Ménochet, Céline Sallette, André Dussollier, elle incarne la ministre des Affaires étrangères : « Un rôle de pouvoir, j’espère bientôt être présidente ! »
Un geste citoyen : rendre la Légion d’honneur
À propos de ministre.. Dominique Blanc a rendu sa décoration d’officier de la Légion d’honneur, reçue en 2014. Dans une lettre manuscrite adressée à Emmanuel Macron, elle dénonce une crise morale : « Un corps politique qui n’est pas à la hauteur ». Le déclic ? La nomination de Rachida Dati malgré ses démêlés judiciaires. « Il faut de l’intégrité, de la dignité. Quand on fait une erreur, on se retire. » Un Basta lancé avec élégance.