
« Ce que j’aime, c’est le studio, le laboratoire, l’idée de créer en permanence », confie Cyril Morin depuis son antre parisien. Compositeur fécond et réalisateur voyageur, l'artiste célèbre 25 ans de bandes originales à travers une compilation disponible en vinyle, CD et sur les plateformes. L'occasion pour La Radio du Cinéma de revenir sur un parcours hors normes, nourri de rencontres, d’horizons multiples et d’histoires racontées avec le coeur. Un entretien de David Marmier.
Un parcours de passion et de transmission
Rien ne prédestinait Cyril Morin à la musique de film. S’il débute jeune comme guitariste et touche à la chanson, c’est dans le creuset du studio qu’il se révèle : « J'ai réalisé que ce que j'aimais, c'était créer en permanence. » Formé au conservatoire mais influencé par la pop et le rock des seventies, il perfectionne son langage musical aux côtés du chef d’orchestre Sergueï Tchelibidak. C’est alors qu’il comprend que sa voie est ailleurs : raconter des histoires, avec la musique comme langage.
Storyteller avant tout
« Je suis un storyteller », affirme-t-il avec conviction. Chaque projet débute par une image mentale, « une sculpture musicale » qu’il façonne avant même de toucher à ses claviers. « Je n’ai aucune méthode. Chaque film est une page blanche », explique-t-il. De Samsara à Borgia, son inspiration puise dans les mots du réalisateur, le scénario et les premières images. Un triangle d’énergie qui le propulse dans un univers à inventer, à ressentir, à traduire en sons.
De Paris à Hollywood, une identité cosmopolite
Son aventure le mène aux États-Unis où il compose pour le cinéma indépendant tout en multipliant les collaborations iconiques. De Mirwais (producteur de Madonna) à Kery James, des studios de U2 à des chanteuses indiennes ou israéliennes, Cyril Morin navigue entre cultures et styles, toujours avec la même curiosité insatiable. « J’ai besoin de me nourrir de ce que je ne connais pas encore. »
Polyglotte musical, il compose pour plus de 200 films dans une trentaine de pays. Pourtant, sa notoriété reste plus affirmée à l’international qu’en France. D’où la nécessité de cette compilation anniversaire, 25 Years of Soundtracks, comme un manifeste artistique. Un album qui réunit, raconte et projette à la fois. Car « chaque musique est une histoire, un fragment de vie », assure-t-il.
Un pied dans le futur, l'autre ancré dans le son
Face à l’émergence de l’intelligence artificielle, Cyril Morin reste serein : « L'IA travaille avec le passé, les artistes avec l'avenir ». Pour lui, ces outils sont des aides, jamais des remplaçants. « La part créative doit rester sous le contrôle du créateur. » Une vision pragmatique et poétique qui résonne comme un appel à la singularité.
Le vinyle comme acte de résistance
Sortir un disque physique aujourd’hui, c’est presque un geste politique. Pour Cyril Morin, c’est une manière de « matérialiser le travail », mais aussi de résister à l’évaporation numérique. « Le MP3 a tué nos oreilles. Il faut revenir au son, au vrai, à la dynamique. » Dans sa collection personnelle : vinyles, Blu-Ray, DVD, CD. Comme autant de preuves sensibles et durables d’une vie de création.
Quelques clés de cinéphile
Son film de chevet ? Le Parrain. Son premier choc musical ? Maurice Jarre. Son mantra ? Une citation de Jean Gabin : « Pour faire un bon film, il faut trois choses : une histoire, une histoire, une histoire. » Tout est dit.
Infos pratiques
La compilation 25 Years of Soundtracks de Cyril Morin est disponible sur toutes les plateformes de streaming ainsi qu'en CD et vinyle.
Photographie: David Marmier pour la radio du cinéma