08 novembre 2025
Président du jury de la 10e édition du Festival International du Film de Comédie de Liège, Gilbert Melki partage avec Manuel Houssais pour la Radio du Cinéma un regard généreux, parfois piquant, toujours passionné sur ce septième art qui continue d’allumer les projecteurs dans sa vie.
Le choc Cabaret, l’école des salles obscures
Sa cinéphilie ? Elle commence sur les genoux de sa mère, dans les fauteuils d’un cinéma de quartier. Premier choc : Cabaret de Bob Fosse. « On allait voir des films parce qu’on n’avait que ça à faire à la fin des années 60. » À la manière des spectateurs de La Dernière Séance, Melki y prend goût au point de revoir certains films plusieurs fois : Les Dents de la mer, L’Exorciste, et bien sûr Cabaret. Le cinéma comme refuge, comme formation continue, comme fil rouge.
Un acteur nourri de pellicule
Chez Gilbert Melki, l’acteur et le cinéphile ne font qu’un. « Je vais souvent au cinéma, ça m’inspire, ça me maintient vivant. » Une habitude qu’il partage avec deux immenses actrices : Catherine Deneuve, qu’il retrouve dans Peau d’homme de Léa Domenach, et Isabelle Huppert. « On parle de cinéma tout le temps. » Une complicité de regard, nourrie de curiosité et d’audace. Il cite Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson, mais aussi Nouvelle Vague, qu’il décrit comme un « film culotté » autour de Jean-Luc Godard. Gilbert Melki, aime les prises de risques, quand elles sont assumées, inspirées, libératrices.
Les affreux, sales et méchants
Son panthéon ? Celui de la comédie italienne : Ettore Scola, Dino Risi, Mario Monicelli, Nino Manfredi... Il cite Affreux, sales et méchants (Brutti, sporchi e cattivi) comme un modèle de liberté artistique. « En France, un film comme ça déclencherait une polémique de folie. » Ce qui lui manque dans le paysage hexagonal ? Un cinéma décomplexé, libre, affranchi des idéologies. « On n’est pas politiciens, on est là pour bousculer, pas pour endoctriner. »
La comédie comme miroir de société
Pour Gilbert Melki, la comédie reste une arme redoutable pour parler du monde, sans pesanteur. Il cite Jia Zhangke, cinéaste chinois qui n’hésite pas à ausculter sa société avec férocité. « En France, on est trop complaisants. » Il trouve dans le cinéma italien ou belge une liberté de ton, un quotidien moins plombé, une parole plus directe. « Le peuple va bien, ce sont les politiciens qui vont mal. »
Liège, un bol d’air cinématographique
À Liège, Gilbert Melki respire. L’ambiance du festival, la générosité des échanges, l’absence de jugement immédiat : tout l’oppose à une certaine morosité parisienne. Et pour ce rôle de président du jury ? Il compte bien rester fidèle à ses valeurs : la liberté, la sincérité, l’audace. « On va voir un film tout à l’heure, peut-être qu’on va s’engueuler. » Mais toujours au nom du cinéma.