Cette année, le Champs-Élysées film festival élargit son horizon et intègre le Canada au pan américain de sa sélection, jusque là comprise comme "états-unien". Philippe Lesage y montre donc en avant-première son nouveau film Comme le feu, mené par Arieh Worthalter, venu présenter le film.
Albert, un scénariste dont les grands jours sont derrière lui, emmène ses deux enfants et Jeff, un ami de son fils, passer une semaine de vacances chez Blake, son vieil ami réalisateur. Dans le cadre à la fois chaleureux et isolé de ce chalet au milieu des bois, les passions se réveillent doucement, jusqu'à se déchainer. Les deux hommes ont des comptes à régler d'une amitié de plus de vingt ans, tandis que le jeune Jeff, amoureux d'Aliocha, la fille d'Albert, s'effondre discrètement.
L'esthétique douce et feutrée l'ambiance paisible d'une certaine menace, comme si la nature environnante se faisait le témoin du délitement des relations humaines. Ce semi huis-clos permet au réalisateur de disséquer avec intelligence des relations pourries de l'intérieur, et des passions dangereuses car trop longtemps réprimées. La bande son, envoûtante et subtilement dosée, vient tour à tour accentuer cette sensation de danger ou sublimer les émotions des personnages.
Malgré un déséquilibre dans le développement des personnages de ce film faussement chorale, on se délecte de la performance des acteurs, jusqu'au plus petit rôle. Arieh Worthalter fascine en roi dans son royaume, inatteignable, charismatique et arrogant, tandis que du côté des jeunes, la sublime Aurélia Arandi-Longpré hypnotise, et Noah Parker saisit par la profondeur de son jeu.
Dans le dernier quart d'heure, le rythme planant du film s'accélère, voire se précipite pour apporter des réponses. Cette maladresse ne ternit cependant pas l'intensité de ce film subtil, intelligent et cruel.
En salles le 31 juillet