On le savait, le documentaire Jeunesse (Le Printemps) dure 3h32.
Soit, il ne faut pas se laisser décourager a priori. Mais très vite, ces scènes successives montrant des jeunes Chinois travaillant dans des ateliers de confection de vêtements commencent à lasser. Sans aucune évolution ni dramaturgie, nous regardons ces différents individus, à peine présentés d'une ligne, et n'avons guère plus à voir que leurs petites chamailleries, leurs tentatives de séduction, leurs vies qui défilent, en somme.
Selon l'humeur du moment, on peut se laisser porter un temps par ces scènes de vie, et trouver un certain charme à cette absence de dramaturgie, cette simplicité de l'existence captée par une caméra portée à l'épaule.
On peut même être saisi d'une certaine captivation mêlée d'indignation face à des scènes de revendications salariales d'employés, balayées avec violence et mépris par des gérants d'ateliers. On appréciera également de voir sur Arte, qui diffusera le film, les scènes de travail, filmées en temps long.
On plonge ainsi dans le travail manuel répétitif de ces jeunes et découvrons une réalité si loin de la nôtre et pourtant si connectée à notre quotidien, par ces vêtements confectionnés à la machine à coudre qui finissent dans nos placards.
Mais la répétition incessante des mêmes types de scènes (les jeunes au travail, ou dans leurs dortoirs, ou revendiquant une hausse de salaire) en émousse la force (toute relative) initiale. Cette structure et l'absence de rythme étiolent également la patience du public, dont une grande partie a quitté le Grand Théâtre Lumière à différents stades du film, selon la rapidité de compréhension de chacun que non, le film ne va pas se renouveler. Il ressort donc une sensation de gâchis d'un projet donc on comprend pourtant l'intérêt et la portée sociologique.
Malgré un sous-titre et un carton initial laissant supposer une tétralogie sur le thème des saisons, le réalisateur prévoit en fait "seulement" une trilogie. Il aura malheureusement suffi du premier pour nous laisser sur le bord de la route.
