On l'attendait comme la consécration d'une grande carrière, l'aboutissement d'un projet fou de toute une vie.
La tension était palpable en salle Debussy dans le Palais des festivals, pour la toute première projection mondiale de Megalopolis devant les journalistes réunis ici.
Mais ce sont des huées qui accueillent le générique de fin, après deux heures et demie d'un film survolté qui part dans tous les sens.
Les intrigues se multiplient et disparaissent aussi vite qu'elles sont arrivées, venant nourrir de manière artificielle le fil rouge de la construction de la ville utopique par le génie visionnaire César, joué par Adam Driver.
Le maire s'oppose à ce projet démiurgique et César tombe amoureux de la fille de celui-ci.
De ce postulat pourraient découler de grands retournements dramatiques, mais le tout tombe à plat. C'est sans subtilité que le réalisateur propose un portrait de l'Amérique, exprimant son inquiétude quant à l'avenir de la civilisation et la morale des hommes.
En plaçant ces personnages dans la "nouvelle Rome", il met en scène l'inévitable chute d'un Empire, pourri de l'intérieur par ses vices.
Des acteurs en roue libre débitent des dialogues grandiloquents, ayant l'air de ne pas bien savoir où va le film.
La douce Nathalie Emmanuel, découverte dans Game of Thrones, et Giancarlo Esposito (Breaking Bad) tirent leur épingle du jeu avec finesse, mais Aubrey Plaza, Adam Driver, Shia LaBeouf et consort se vautrent dans le surjeu.
Une surprise en milieu de parcours fournit un regain d'intérêt au spectateur mais ne suffit pas à sauver ce qui s'apparente à un trip megalo à peine dissimulé du réalisateur, dont les grands jours sont derrière lui.