
Rencontre avec le commissaire-priseur Vincent Sarrou au cœur d’une vente exceptionnelle
Paris, Hôtel Drouot, jeudi 24 avril 2025, Il est 09h, et déjà les collectionneurs se pressent dans la salle 9. Au programme ? Une vente aux enchères dédiée aux affiches de cinéma, orchestrée par Tessier & Sarrou et Associés, l’un des piliers du marché de l’art à Paris. Une journée rythmée par les coups de marteau, les souvenirs de spectateurs et la passion palpable pour ces morceaux de papier qui valent parfois de l’or.
Manuel Houssais a tendu le micro à Maître Vincent Sarrou, commissaire-priseur, pour mieux comprendre ce qui se joue vraiment derrière ces encarts grand format.
Une affiche, mille souvenirs
« Une affiche de cinéma, ce n’est pas juste un objet : c’est une émotion encadrée. » Voilà comment Vincent Sarrou résume la ferveur des collectionneurs. Ces affiches, souvent pliées et conservées avec soin, représentent une époque, une salle obscure, une séance marquante. Elles réveillent l’adolescence, l’enfance, les films vus (ou rêvés), les acteurs adorés.
Le cinéma français, le Hollywood des années 50, les chefs-d’œuvre italiens, le cinéma japonais des années 60… Toutes les écoles sont représentées, et chaque lot raconte une histoire visuelle qui précède celle du film lui-même.
Comment évaluer la valeur d’une affiche de cinéma ?
À cette question, Maître Sarrou répond sans détour : « C’est un faisceau d’indices. »
Voici les principaux critères qui font grimper les enchères :
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La notoriété du film (Ex. : À bout de souffle de Jean-Luc Godard)
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La célébrité des acteurs (Une affiche avec Brigitte Bardot ou Humphrey Bogart attire plus)
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La rareté (affiches d’époque, pas de réédition)
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L’esthétique graphique (signatures comme René Ferracci ou Dugo)
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L’état de conservation : entoilée ou non, restaurée, couleurs fraîches
Résultat : certaines affiches mythiques s’envolent à plus de 20 000 €, comme une rare affiche des Frères Lumière vendue chez Drouot, tandis que d’autres débutent à 50 €.
Exposer ou cacher ?
La majorité des collectionneurs, explique Vincent Sarrou, ne les accrochent même pas au mur. Ces passionnés possèdent parfois des centaines, voire des milliers d’affiches, classées par décennie, pays ou réalisateurs. Une collection discrète, précieuse, stockée comme on le ferait d’un album de timbres.
Une salle parisienne, un public international
Grâce à Drouot Live, la plateforme de vente en ligne de la maison, les enchères deviennent mondiales. États-Unis, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Japon... les collectionneurs du monde entier enchérissent en direct, élargissant chaque vente au-delà des murs haussmanniens de Paris.
Commencer une collection ? Le conseil du commissaire priseur
Vincent Sarrou est formel : « Achetez ce qui vous plaît. »
L’aspect spéculatif vient ensuite. L’essentiel, selon lui, est de trouver les films qui résonnent avec votre mémoire, de vérifier l’authenticité (éviter les rééditions), et de faire confiance à des experts comme Alexandre Boyer pour distinguer l’original du faux.
Une passion accessible
Contrairement à certaines idées reçues, la collection d’affiches n’est pas réservée à une élite. Pour 150 €, 300 €, il est possible de repartir avec un fragment d’histoire du cinéma à chérir et transmettre.
Pour aller plus loin
Voici quelques sites et plateformes de référence pour explorer le monde des affiches de cinéma :
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Galerie 123 – Affiches originales du monde entier
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Cinematerial – Base de données d’affiches internationales
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Drouot.com – Plateforme de ventes aux enchères parisiennes
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René Ferracci – Archives – L’un des grands maîtres de l’affiche française
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La Cinémathèque française – Expositions et fonds d’archives
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Institut Lumière – Origines du cinéma et expositions à Lyon