Le Kid a rangé son colt. Le monde du cinéma perd un phare, une élégance, un regard sur le monde.
Il était l’Américain qui avait compris l’Europe, le playboy qui parlait d’écologie, la star qui ne croyait qu’aux marginaux. Ce mardi 16 septembre, Robert Redford s’est éteint à 89 ans dans sa maison de Sundance, nichée dans les montagnes de l’Utah, « le lieu qu’il aimait, entouré de ceux qu’il aimait ». Le Kid est parti comme il a vécu : libre.
Robert Redford, c’était bien plus qu’un sourire doré par le soleil californien. Pendant plus de soixante ans, il a incarné ce que le cinéma pouvait être de plus grand : une rencontre entre l’art et l’engagement. "Butch Cassidy and the Sundance Kid" "Les Hommes du président", "Nos plus belles années" "Out of Africa", il a offert à l’écran une virilité douce, une force pudique, un héros moral et moderne.
Mais l’acteur n’a jamais voulu rester un simple visage de celluloïd. En 1981, Oscar du meilleur réalisateur pour "Des gens comme les autres", il prouve que derrière le mythe, il y a un œil, une vision, un homme de cinéma complet. Cette même année, il fonde le Sundance Institute, devenu refuge et tremplin pour une génération entière de cinéastes indépendants. Soderbergh, Tarantino, Aronofsky, Paul Thomas Anderson... tous lui doivent un peu de leur liberté.
Militant infatigable, Robert Redford fut de tous les combats : pour l’environnement, pour les droits LGBTQ+, contre les injustices sociales et politiques. Il portait ses engagements comme ses rôles : sans emphase, mais avec droiture.
"Je me sens parfois étranger au pays dans lequel je suis né", écrivait-il en 2018. Alors il créait des espaces où l’on pouvait encore rêver autrement.
Il y a dans la trajectoire de Robert Redford quelque chose de profondément américain, mais dans le plus noble sens du terme : celui d’un pays capable d’inventer des héros humanistes, sensibles, résistants.
Avec lui, c’est une certaine idée du cinéma qui s’éclipse. Celle qui croit encore qu’un film peut changer une vie, qu’un rôle peut éveiller une conscience, qu’un festival peut devenir un acte politique.
Robert Redford n’était pas une légende. Il était un artisan du rêve. Et ce rêve, aujourd’hui, continue de vivre dans chaque image projetée, chaque voix dissonante révélée, chaque vérité défendue.
Ride in peace, Sundance.
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